La sauvegarde du dernier BERLIET PR 100 MI actif en France était nécessaire. Il fallait empêcher la démolition d'une pièce maîtresse pour le patrimoine des transports à l'échelon national.
Réformé au mois de septembre 2008 par la STAB, ce bus a été mis en service en mars 1980 sur le réseau TCRA d'Avignon avant de rejoindre le pays basque en mai 1989..
Il ne fait pas d'ombre au RENAULT PR 100 MI de Castres préservé en mars 2008 puisqu'il est différent de par les équipements suivants : boîte de vitesses automatique VOITH, baies vitrées type sud, vitres teintées.
L'idée de sauver ce magnifique Berliet PR 100 MI m'est venue suite à un voyage au cours du mois d'août 2007 dans le sud-ouest. J'ai pu rencontrer Monsieur Joël Gor, Responsable des Services Techniques de la STAB, aujourd'hui retraité. Nous sommes restés en contact et lorsqu'il a fallu constituer un dossier, Monsieur GOR m'a prévenu. J'ai suivi à distance les travaux réalisés sur le 248, car même en fin de vie, ce bus a été réparé dans les règles de l'art.
Le comité directeur du Syndicat Mixte des Transports en Commun de Bayonne s'est réuni le 29 octobre 2008 pour statuer sur le sort du 248 et a attribué le bus aux TCA. Dans la délibération du président du SMTC, il est précisé que le bus doit conserver son identité bayonnaise.
Seuls mes amis toulousains Michaël Diétrich et Guillaume Navarro étaient dans la confidence puisqu'ils sont allés examiner le bus à Bayonne, de fond en comble, le 31 mars 2008, avant que je ne fasse les démarches. J'ai attendu l'accord du SMTC pour en parler. Inutile d'ameuter les foules si l'affaire ne se faisait pas…
J'ai appris la bonne nouvelle à nos amis toulousains Jérôme Bonato et Michaël Diétrich mercredi 29 octobre 2008 au soir et ils ont bien voulu sacrifier une partie de leur séjour niçois (ils avaient prévu de venir à l'A.G. TCA du 8 novembre 2008 et rester à Nice jusqu'au 11 novembre) pour ramener le 248.
En effet, il n'a pas été possible de stocker le 248 à Toulouse quelques semaines le temps de s'organiser car le réseau urbain Tisséo a ses dépôts pleins : des CITELIS 18 reçus en septembre 2008 cohabitent avec des GX 107 en cours de réforme au dépôt de Langlade et au dépôt d'Atlanta, la présence des cars interurbains et de nombreuses pannes sur les urbains n'arrange pas la situation. De plus, je ne voulais absolument pas gêner ni l'ASPTUIT (l'association sœur de sauvegarde de nos amis), ni Jérôme et Michaël vis à vis de leur employeur en imposant un bus étranger au réseau.
Notre ami et adhérent niçois Franck Rainart a été d'accord pour participer au rapatriement en affrétant sa voiture pour suivre le convoi sur le trajet Bayonne - Nice et de ce fait, se rendre de Nice à Bayonne avec son propre véhicule. Franck avait planifié des jours de congés du 8 au 11 novembre pour recevoir nos amis toulousains. En quelques jours, il a pu obtenir le vendredi 7 novembre en jour de congés et décrocher un horaire de matin pour le jeudi 6 novembre 2008, jour de son départ de Nice direction Toulouse.
Une petite cérémonie a eu lieu au dépôt de la STAB le vendredi 7 novembre 2008 après-midi lors de l'enlèvement du 248 en présence du Président du SMTC, du Directeur Général de la STAB, du personnel et de la presse locale. A la différence de nombre de ses frères, le 248 ne finira pas à la casse. Dans un bel article paru dans "Sud Ouest", Michel Veunac, le président du SMTC s'exprime ainsi : "Il est comme un taureau de corrida que l'on gracie et qui finit sa vie au campo". Jolie image aux couleurs locales…
Notre ami et adhérent francilien Alexandre Mimard a rejoint le convoi à Toulouse le vendredi 7 novembre 2008 au soir. Il a veillé sur la mécanique durant deux jours, de Toulouse à Toulon. Heureusement que notre ange gardien était là pour changer un conduit d'air écrasé et poreux à Nîmes. Ville étape incontournable grâce à la présence de notre ami et adhérent Serge Lantin, conducteur sur le réseau urbain nîmois mais surtout historien des transports dans sa ville et collectionneur de bus (SC 10 U, Heuliez O 305, GX 107 et R 312 des TCN). Serge, qui nous permet, avec l'accord de sa direction, de garer au dépôt du réseau les bus que nous convoyons vers Nice, a pris sur lui pour autoriser Alexandre à changer ce tube d'air sortant du compresseur, aidé par Franck. Encore une fois, Alexandre aura su réparer magistralement un de nos bus, au bon moment, et rassurer ses amis convoyeurs… et votre président !
Pour ne pas grever le budget des TCA, j'ai souhaité prendre en charge sur mes fonds personnels l'hébergement de mes convoyeurs à Nîmes, le coût d'achat du bus (puisque le SMTC n'a pas souhaité le donner, j'ai proposé la valeur du poids à la ferraille) et le montant de la carte grise. J'avais déjà fait de même lors de l'acquisition des 2 SC 10 U limougeauds, du SC 10 R à plate-forme arrière ouverte de Marne et Morin (Meaux) et du SC 10 U 404 ex Bayonne n° 110. Comme je l'ai fait pour les autobus du type SC 10 voici une dizaine d'année, je sauve aujourd'hui les derniers PR 100 MI ! Il y a des moments où il faut agir pour le patrimoine national…
A noter, pour la petite histoire, que des véhicules semblables ont tout de même circulé sur les réseaux de Cannes, Monaco et Menton.
Franck Rainart, Alexandre Mimard, Jérôme Bonato, Michaël Diétrich et Benjamin Paullier (membre de l'ASPTUIT) ont participé aux frais de rapatriement et assuré toute la logistique en convoyant ce nouveau pensionnaire sur plus de 900 kilomètres traversant tout le sud de la France, d'Ouest en Est, entre le 7 et le 9 novembre 2008, avec une étape traditionnelle à Nîmes où Serge Lantin nous reçoit toujours bien amicalement. En associant aussi Guillaume Navarro, je remercie vivement cette petite équipe sur qui je peux compter vraiment.
A Nice, cet autobus a servi à transporter les participants de plusieurs mariages. Faute de place dans la capitale azuréenne, il sera exposé au musée de Breil.
Si nos moyens nous le permettent, il est envisagé de procéder à sa réfection carrosserie en 2018.